Séléna Valkoinen [Terminé]

» Il y a dix ans de cela

« On en riait de ce fait divers si étonnant dans les couloirs de Aikaentinen quasiment le seul collège qui proposait une magie entièrement traditionnelle et très peu de techno magie cette pseudo science qui venait d’apparaître au grand désaccord de certain sorciers. Leopold et Hélisabeth sortaient finalement ensemble ! Qui aurait pût prévoir qu’ils finiraient ensemble alors qu’ils étaient si différents ? Elle, douce, calme, sérieuse, sociable et souriante. Lui, manipulateur, susceptible et bagarreur parvenant toujours à ses fins. Telle était la preuve que tout pouvait arriver ! Ils étaient tous deux en septième année et ils filaient pour l’heure le parfait amour. Après tout, c’est souvent à cet âge dans l’établissement dans lequel on a passé toute notre enfance qu’on trouve le partenaire avec qui on vivra le restant de notre vie. Et puis ils étaient si adorables tous les deux qu’on ne doutaient pas du fait qu’il ne se sépareraient plus »

- Dis tante Lisa, c’est vraiment comme ça qu’ils se sont rencontré Papa et Maman ? –
C’est ce que demandais une Séléna en version miniature, assise en tailleur sur son lit aux draps de couleurs blancs et dorés. Elle se tenait penchée au dessus d’un vieil album de photos, aux pages jaunies par le temps. Juste à côté d’elle, la Tante Lisa qui était en fait une amie de la famille, ses cheveux bruns tombant sur son visage tandis qu’elle désignait du doigt une image représentant deux jeunes gens se tenant par la main, le sourire aux lèvres à la petite fille. Séléna rabattit vers l’arrière, une mèche de ses cheveux blonds qui lui avaient glissés sur le front et observa plus précisément la photographie. Elle reconnut d’abord sa mère, en plus jeune, plus joyeuse aussi. Ses grands yeux bleus qu’elle lui avait légués brillant de gaieté tandis qu’elle devait fixer l’objectif. Et puis son père aussi…Etait-ce vraiment lui ? Il semblait si… Tellement différent ! Où était donc passé le vieux bonhomme aux cheveux grisonnant qui grommelait si souvent dans sa moustache contre la techno magie ? Avait-il réellement été ce jeune homme jovial ? C’était étrange de pouvoir l’observer sans les rides qui barraient désormais son front et son visage fermé, sévère. Etait-ce vraiment ses parents sur cette photo ? Au bout de quelques minutes d’observation, la jeune enfant d’à peine quatre et demi reposa son attention sur la Tante Lisa et on ne remarquait que trop bien l’air sceptique qui donnait une allure comique à ses traits fins de petite fille. La jeune femme sourit et passa une main dans la chevelure blonde et fournie de Séléna avant de répondre à sa question muette.

- Oh il n’avait que dix sept ans là-dessus, ils se sont mariés cinq ans plus tard. –

- Et c’est là qu’ils m’ont eut ? – Questionna à nouveau la petite fille d’une voix fluette, guettant la réponse de l’adulte.

- Non, un peu plus tard…Ta mère devait avoir vingt cinq ans je crois… -

Et l’histoire reprit. Séléna écoutait avec attention. Elle adorait la Tante Lisa pour sa façon de la comprendre si rapidement et d’arriver à raconter des histoires à partir de faits réels. C’était bien la première fois qu’on lui parlait des jeunes années de ses parents. Lisa était arrivée dans la matinée pour prendre des nouvelles de Jonathan, le petit dernier, le fils tant espéré par la famille. Et puis avec elle, elle avait aussi amené un album photo pour l’occuper, elle, la petite fille qu’elle savait un peu exclue par le reste de sa famille ces derniers temps. Et maintenant, donc, elle lui racontait l’histoire de sa vie. Comment elle était née ici même dans ce manoir qui était la propriété de son père, que sa mère avait accouchée avec l’aide de plusieurs médicomages et qu’en la voyant naître si chétive, on crut plus d’une fois qu’elle ne survivrait pas. Comment, aussi, savoir qu’elle était une fille causa une petite déception à ses parents qui désiraient un garçon. Comment elle aurait dût s’appeler Séraphin et qu’on lui trouva du coup un nom à la hâte. Tout ça d’une manière romancée comme pour les contes de fées. Séléna souriait. Elle aimait ces moments ou elle pouvait en apprendre un peu plus sur son passé. Elle aimait bien la Tante Lisa, le temps était agréable et Jonathan ne pleurait pas ; elle était bien…


Quatre ans plus tard

C’était une gentille petite matinée d’hiver, un vent froid courait dans les branches dénudées des arbres et le bruissement de la neige se faisait entendre à chaque pas. D’habitude, pour une raison qui échappait à toute la famille, Séléna aimait l’hiver. Séléna aimait l’hiver mais elle détestait les batailles et les bonhommes de neiges. Elle n’aimait pas Noël non plus, en bref tout ce qu’on appelle les joies hivernales. Et pourtant, quand on lui demandait qu’elle était sa saison préférée elle répondait irréfutablement l’hiver. Mais aujourd’hui, il aurait été inutile de lui demander quoique ce soit. La petite fille de huit ans n’était plus chez elle, ses parents l’avait envoyé dans l’hôpital le plus proche la veille. Pourquoi ? Et bien parce que dans un élan de curiosité, la jeune enfant avait ouvert la porte du laboratoire de potion de son père et par la plus hasardeuse des malchances, elle avait renversé plusieurs fioles ; et inhaler le mélange de gaz. Ses parents l’avaient retrouvé inconsciente, et étendue sur le sol. Alors pris de panique ils avaient immédiatement appelés les urgences.
Maintenant, Séléna allait mieux, il n’y avait aucun doute là-dessus. Et pourtant une trace permanente resterait de ce petit incident sans conséquence grave : ses cheveux s’étaient décolorés. Leur couleur avait viré du blond doré des champs d’été au blanc étincelant des parterres de neige immaculés. Trop inquiété par l’état de santé de leur petite fille, ses parents ne s’en rendirent d’abord pas compte mais lorsqu’ils l’aperçurent et apprirent que cet état serait définitif, ils explosèrent en une rage terrible puis pleurèrent la chevelure blonde de leur adorable petite fille. Séléna, elle, ne savait pas trop quoi en penser. Cela ne la dérangeait pas de changer la couleur de ses cheveux. Elle avait souvent demandé à sa mère de l’aider à pratiquer un sortillège qui leur enlèverait ce blond gracieux pour une journée tout au plus. Mais au regard glacé de Mme Valkoinen, elle avait vite comprit qu’il ne servait à rien d’insister. Mais maintenant, ils avaient totalement changé de couleur et si ses parents n’aimaient pas ça, elle, elle appréciait plutôt bien.
Donc pour l’heure, elle restait à l’hôpital en attendant de savoir si on pouvait faire quelque chose à ses cheveux. Dès qu’ils avaient sût qu’elle ne courrait aucun danger, ses parents avaient cessés toute visite dans l’établissement pour mieux se consacrer au petit Jonathan. Le gamin avait quatre ans et ils étaient choyé par tous, et tant pis si on délaissait un peu trop souvent la petite Séléna. Après tout, c’était une grande maintenant, dans trois ans elle irait en pensionnat. Il fallait qu’elle s’habitue à l’absence de ses parents dès maintenant. Pourtant, la petite fille ne semblait pas particulièrement mécontente de cet oublie qu’avait ses géniteurs à venir la voir. Elle était dans une chambre commune avec une jeune fille de son âge à peu près qui avait elle aussi connue des problèmes de potions. Ses yeux étaient désormais vairons, l’un brun noisette et l’autre bleu azur. Mais ce n’était pas ce problème qui avait intrigué la petite fille, non. C’est qu’au deuxième jour de son arrivée, les parents de la petite inconnue aux yeux de chat étaient venu la voir et lui avait laissé une étrange « machine » pour qu’elle puisse s’occuper. Car elle en était sûre, il s’agissait bien d’une machine quel quelle soit. Ca n’était pas magique, et pourtant cela semblait si…mystérieux… C’est à cette période de sa vie qu’elle rencontra son tout premier techno-mage. Et elle ne comprenait toujours pas pourquoi son père les détestait tant. La petite fille à l’ordinateur portable se prénommait Suzie et le courant passa très vite entre elle et Séléna. L’ancienne blondinette, lui raconta tout, toute sa vie dans les moindres détails. Ses profondes journées d’ennuis sans aucun camarades de jeux de son âge ; son petit frère qu’elle détestait tant ; le rythme lent et répétitif des jours chez elle. Tout, absolument tout. Suzie lui apprit en quoi consistait la technomagie et l’espace d’un instant Séléna fut séduite par l’idée de pouvoir, elle aussi géré ses machines, les fabriquer et tout ça. Mais ce beau rêve d’enfant se volatilisa bien vite quand au bout d’une semaine, ses parents vinrent la chercher avec la nouvelle que ses cheveux resterait à jamais de cette couleur blanc de nacre. Ils découvrirent que la petite avaient parlé à une technomage et la ramenèrent en vitesse tout en lui répétant des jours durant qu’il s’agissait d’une infâme catégorie de gens, qu’elle ne devait plus jamais leur adresser la parole et oublier tout ce qu’elle avait apprit sur la techno-magie. Ils terminèrent leur sermon en lui disant que de toute façon, elle finirait sorcière, comme toute la famille et qu’elle ne devait en aucun cas toucher à ces machines…

» Deux ans après

Derrière la porte en bois sombre qui menait au salon, Séléna écoutait attentivement la discussion qui se tramait dans la pièce d’à côté. Bien sûr qu’elle savait que c’était mal d’écouter aux portes, mais là elle pensait en avoir le juste droit. Après tout, c’était de son avenir qu’on parlait là-bas ! On été à la fin du mois de Juillet et la rentrée de Septembre approchait à grand pas. Bientôt débuterait sa vraie vie scolaire. Séléna n’était jamais allé à l’école jusqu’à présent, c’était sa mère qui lui avait appris à lire et à compter et elle avait des précepteurs pour la plupart des autres matières. Mais il était grand temps qu’elle aille dans une véritable école de sorcellerie. Et c’était ce à quoi ses parents étaient en train de discuter derrière la porte avec la tante Lisa, toujours présente en se qui concernait l’avenir de la petite fille. Bien évidemment, personne n’avait demandé son avis à l’ancienne blondinette et elle se contentait d’écouter aux portes pour en apprendre un peu plus sur ce qu’on lui réservait. C’était frustrant.
Ses parents voulaient la mettre dans un établissement entièrement magique pour qu’elle puisse y recevoir une éducation exemplaire sur l’Art et l’Histoire de la Magie, de plus en plus oublié ses derniers temps dans ce monde où on finissait même par accepter cette science de techno-magie qu’ils considéraient comme un déshonneur à leurs ancêtres que de voir remplacé leurs talents par des machines sales et bruyantes. Mais la Tante Lisa essayait de les persuader qu’il fallait voir grand et donner à la petite tous les atouts pour qu’elle puisse s’en sortir dans le monde de demain. En bref, qu’ils essayent de lui trouver un établissement qui mélange sorcellerie et techno-magie. Et c’était des cris, des commencements de disputes, et tout ce calmait pour reprendre quelques minutes plus tard. Séléna avait du décoller son oreille de la porte car maintenant, on entendait que trop bien la conversation des adultes. Ca criait fort. Enfin, on en conclut qu’il valait mieux laisser là le débat et qu’on en reparlerait plus tard. Séléna soupira et monta rapidement dans sa chambre avant qu’on ne la surprenne en bas. Aller dans une école de techno-magie ? Cela ne la dérangeait guère. En fait, cette part de la magie l’avait toujours un peu attirée mais bon, on ne lui laisserait pas le choix, elle ne le savait que trop bien.
La Tante Lisa revint vers le mois de Juillet, victorieuse, une brochure dans la main. Cette fois, on convoqua Séléne au salon pour qu’elle puisse écouter elle aussi. On avait sans doute trouvé son futur collège. Ses parents ayant finalement accepté qu’elle aille dans un bâtiment « mixte » pour mieux cerner « l’ennemi » comme il l’appelait. Cloverleaf…. Le nom la laissait pensive. Mais on ne lui demandait pas son avis. Elle irait là-bas un point c’était tout. On lui demanda de choisir une option, sa mère ayant cochée elle-même la case du cursus. Séléna, encore toute petite pour ses dix ans murmura qu’elle aimerait bien faire une option Art. Sa mère éclata d’un rire qui sonnait faux et lui demanda de cesser de plaisanter. Elle comprit, baissa la tête et opta pour une Etude du Milieu Humain. Bien alors voilà, tout était fait au bout d’une petite heure on venait de choisir où Séléna irait passer son adolescence. Une tâche de moins à faire. Le monde reprit ses occupations sans un regard pour la petite. C’était très bien comme ça.

»»Quelques semaines plus tard


La rentrée ! Bientôt ce jour tant attendue aurait lieu. Il était grand temps pour Séléna d’aller acheter ses fournitures scolaires. La petite trépignait d’impatience ce qui n’était pas courant. C’était la Tante Lisa qui s’était proposée pour l’accompagner, ce qui explique un peu mieux la joie de la future nouvelle élève. Il y avait tant de chose à voir ! Séléna aurait voulue s’arrêter dans chaque boutique pour les observer au peigne fin. C’était si…si grand ! Si beau ! Si différent de tout ce qu’elle avait pût voir jusqu’à présent. On n’entra quasiment que dans de vieilles boutiques poussiéreuses où la Tante Lisa lui assurait qu’elle trouverait tout son matériel de magie pure. Mais les vieux grimoires remplis de symboles compliqués ne semblait pas intéresser la jeune fille. Elle en ouvrit quelques uns puis les fourra dans son sac, sans s’y attarder d’avantage. Par contre, elle fixa avec intérêt les boutiques à l’allure sophistiquée de techno-magie et on lisait sur son visage son désir ardent d’y entrer. Mais les informations de M. et Mme Valkoinen étaient formelle. Hors de question que leur fille est affaire avec ces machins là. Par contre, Séléna eut le droit de s’attarder dans les boutiques de potions et chez les différents herboristes. Sa baguette aussi fût choisie cette journée là. Elle repartit avec une charmante baguette en bois de sorbier dont l’intérieur est constitué de poussière de lune. Voilà comment se déroulèrent l’achat des fournitures de Séléna.

»Jusqu'à aujourd'hui

La rentrée ! La seule, la vraie, l’unique ! Pourtant, c’est à peine si Séléna semblait l’attendre. Oui, il y aurait une rentrée. Et alors ? La petite fille était devenue de plus en laconique ses derniers temps mais plus personne ne s’en souciait. En fait, bientôt, plus personne ne se soucierais d’elle et on finirait par l’oublier. Mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde, en fait, à force, elle avait fini par se faire à l’idée. Elle entra donc dans la Magic Class de Cloverleaf et c’est à partir de là que son existence de fantôme commenca. Elle ne parlait pas aux autres, se contentant d’écouter leurs conversations dans un coin à l’ombre. Ses camarades l’avaient très vite délaissé comprenant viote qu’avec elle les conversation tournait en rond. Et tout le monde avait fini par s’habituer à cette petite présence aux cheveux blancs qui existaient et c’était tout. Elle revennait parfois chez elle pendant les vacances, histoire que sa famille puisse bien se rendre compte de l’évolution de son travail scolaire et c’était tout. La vie de Séléna à Cloverleaf se résumait à cela : travailler, écouter les conversations des autres et exister. C’était tout et ça occupait toute l’existence de la petite fille. Les conflits entre la mecha et la magic class ? Mais qu’est-ce qu’elle en avait à faire. De toute façon, qu’ils s’agissent de l’une ou l’autre des maisons, elle réagissait exactement de la même manière. En fait, du moment qu’on la laisse tranquille, tout allait bien. Elle réussissait ses examens, restait d’une neutralité des plus parfaites envers ses petits camarades. Bref, la vie de Séléna se résumait très rapidement « Exister pour exister, tu parles d’une vie… » [Séléna]